Glacier ©CLS
La passion du sport
Publiée le 12 Décembre 2024
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Vendée Globe : la Zone d'exclusion Antarctique (ZEA), c'est quoi ?

Depuis 2016, le Vendée Globe interdit aux skippers de franchir la Zone d’exclusion Antarctique (ZEA). Comment est-elle définie et à quoi sert-elle ?

Glacier ©CLS

Alors qu'ils traversent le sud de l'océan Indien, la majorité des skippers du Vendée Globe longent désormais l'Antarctique de loin en évitant à tout prix de franchir la Zone d'exclusion définie tout autour du Continent Austral. 


Cette Zone d’exclusion Antarctique (ZEA) est définie par une ligne imaginaire composée de 72 points GPS, susceptibles de changer durant la course en fonction des études des glaces. Les skippers ne doivent absoluement pas la franchir, sous peine de sanctions.

 

La ZEA pour protéger les skippers

La Zone d'exclusion Antarctique (ZEA) correspond à la zone grisée tout autour de l'Antarctique (voir cartographie ci-contre). Une première version de cette zone interdite aux skippers a été établie le 4 novembre, et peut être modifiée (agrandie ou rétrécie) tout au long de la course en fonction de la détection des icebergs par les images satellites ou par les pêcheurs du coin.

La ZEA est une sorte de « glissière de sécurité », composée de 72 points écartés de 5° de longitude qui forme un polygone de 360° positionné au plus juste pour éviter les icebergs.

« Les ancêtres de cette ZEA sont ce qu'on appelait "les portes des glaces", instaurées sur l'édition 2000-2001. Il s'agissait de point de passage obligatoire pour éviter que les skippers ne passent trop près de l'Antarctique. Puis, à partir de l'édition 2016-2017, des zones interdites ont été mises en place » — Hubert Lemonnier, directeur de course du Vendée Globe. 

 

En 2016-2017, la ZEA avait été modifiée 9 fois pendant toute la course. Au total, 40 points sur les 72 avaient bougé. En 2020-2021, cinq modifications avaient permis de déplacer 52 points.

Pour cette édition 2024-2025, la ZEA en est à sa troisième version et 13 points ont déjà été modifiés. Des modifications peuvent être effectuées jusqu’au passage du Cap Horn par les skippers. « Cette zone interdite a en effet des impact sur les stratégies des skippers et peut sembler être une contrainte sportive, mais nous souhaitons privilégier la sécurité ! »

En tout, le parcours du Vendée Globe compte onze zones interdites : des zones de trafic commercial, des zones de protection de biodiversité et la ZEA.

Un partenariat historique avec CLS

Depuis la toute première édition de la célèbre course au large, CLS (Collecte Localisation Satellites), filiale du Centre national d'études spatiales (Cnes) et de la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP), accompagne les marins du Vendée Globe. 

« Un partenariat historique, à la mode vendéenne, nous lie avec CLS depuis les débuts du Vendée Globe. Cette entreprise pionnière dans la surveillance spatiale nous permet de protéger nos skippers depuis 1989. C'est une vraie fierté ! » — Alain Leboeuf, président du Vendée Globe et du Département de la Vendée. 

Repérer les glaciers par satellite

Les satellites et experts de CLS cartographient en temps réel les zones à risques pour anticiper les trajectoires des icebergs et donc permettre à la direction de course du Vendée Globe de définir la ZEA. 

« À 700 km d'altitude, les satellites nous permettent de suivre les icebergs autour de l'Antarctique. Notre technologie nous permet de voir le jour, la nuit et même à travers les nuages. » — Franck Mercier, chef de projet Vendée Globe chez CLS.

Dès juillet, le CLS a démarré son travail d'observation afin de commencer à connaître la dynamique de déplacement des icebergs. Cela permet de sécuriser les marins et de leur offrir la possibilité de se concentrer totalement sur la course. « Nous avons une confiance totale dans les analyses et données pointues de CLS », affirme Hubert Lemonnier.


En cas de détection de glaciers, CLS prévient le PC Course qui convoque une réunion avec la direction de course afin de modifier la zone des glaces selon des règles strictes et prévenir les skippers. « Cette année est moins favorable que 2020, mais similaire à 2016. Il y a beaucoup d’icebergs dans l’océan Atlantique, mais moins l’océan Indien et dans le Pacifique. La situation actuelle est plutôt habituelle. »



La glace : entre hantise et fascination pour les skippers


Jean-Luc Van Den Heede, skipper sur le tout premier Vendée Globe, sait de quoi il parle.

En 1989, lors de la première édition de l'Everest des mers, le Français était descendu très bas au niveau du Cap Horn à 62° Sud et s'était retrouvé au cœur d'un « champ d’iceberg ». « Il n'y avait pas de limite de glace à l'époque, nous mesurions la température de l'eau avec un thermomètre pour savoir s'il y avait des risques d'iceberg ou non... Mais ce n'était pas fiable ! Heureusement qu'une ZEA est mise en place aujourd'hui pour la sécurité des skippers », se rappelle-t-il.


Même discours du côté de Samantha Davies, actuellement en course sur le Vendée Globe: « En 2008, je suis passée juste à côté d’un iceberg. C'était magnifique mais très effrayant car nos bateaux vont vite et le risque de collision est donc élevé, c’est très dangereux ! Ça ne me manque pas du tout de ne plus voir d'iceberg », sourit la skippeuse.

Vous souhaitez en savoir plus ? Visionnez la rediffusion de la conférence consacrée au sujet :

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