
Qui est Pierre Mauger, dont le collège des Sables-d'Olonne porte le nom ?

À 102 ans, Pierre Mauger a vu un collège prendre son nom de son vivant.
Un hommage rare, que l’ancien résistant vendéen accepte avec pudeur. Car pour lui, il ne s’agit pas de mettre en lumière sa propre histoire, mais celle de la Résistance toute entière, en hommage à ceux qui ont connu les camps de concentration et n’en sont jamais revenus.
Une figure vendéenne de la Résistance
Pierre Mauger est né le 15 mai 1923 aux Sables-d'Olonne.
Il passe toute son enfance en Vendée avant de devoir quitter la France afin de rejoindre la France libre, en Angleterre. Il a à peine 17 ans.
« La résistance n'est pas née le 18 juin avec le discours prononcé par le général de Gaulle à la radio de Londres. Elle est née le 17 juin avec l'annonce du maréchal Pétain de mettre fin aux combats. Les Français se sont révoltés. La veille, on se sentait encore invincibles alors on a refusé la défaite, la soumission. Et on a décidé de continuer le combat » — Pierre Mauger
Pierre Mauger, un nom d'emprunt
Baptisé Pierre par les autres résistants au début de l'invasion allemande, ce prénom ne le quittera plus dorénavant. « Je devais m'appeler Paul Pierre-Mauger. Mais il y a eu une erreur au moment de l'officialisation à l'état civil et c'est devenu Pierre Mauger tout simplement. Et mes parents ont commencé à m'appeler Pierre au moment de mon retour, comme tout le monde d'ailleurs, donc c'est resté », confirme le principal intéressé.
Après une première arrestation du côté espagnol, le résistant français sera libéré en mai 1941. De retour en France, il continue de s'investir pour la Résistance auprès du Colonel Rémy. Mais une seconde arrestation le stoppera à nouveau dans son élan. Remis aux Allemands, il sera alors envoyé au camp de concentration de Mauthausen. Dans cette antichambre de l'enfer, Pierre Mauger est obligé d'oublier sa vie d'avant pour s'adapter et survivre jusqu'à sa libération.
« Ce sont les événements qui nous projettent vers notre destiné. Je n'ai fait que répondre à un appel du cœur que la plupart des Français ont ressenti à ce moment-là. J'ai été embarqué comme tout le monde et on a tous participé à notre manière. »
Une riche et longue carrière en politique
Lors de sa libération le 5 mai 1945, Pierre Mauger ne pèse que 32 kilos. Il lui faudra alors cinq longues années pour retrouver son corps d'avant. Mais malgré son état très faible, le Résistant est un homme heureux : la France est enfin libre et il peut désormais retourner dans sa Vendée natale.
Quelques années plus tard, le Sablais embrassera une riche et longue carrière en politique :
- Un premier mandat de maire des Sables-d'Olonne entre 1965 et 1971
- Membre du Conseil départemental de la Vendée une première fois de 1967 à 1973 et une seconde entre 1985 et 1992
- Une carrière à l'Assemblée nationale comme député de 1967 à 1993

Un collège au nom de Pierre Mauger
En portant le nom de cet illustre résistant, l’établissement sablais valorise une figure du pays et de son histoire.
Une reconnaissance rare – Pierre Mauger est l’un des rares Français à avoir vu une institution publique porter son nom de son vivant – qu’il accepte avec humilité. Pour lui, ce collège est avant tout un lieu de mémoire.
Une manière d’inscrire la Résistance dans la vie quotidienne des jeunes générations. « Je veux qu’ils sachent ce que nous avons vécu. Pas pour glorifier le passé, mais pour leur éviter de revivre un jour cette barbarie. »
La série des Vendéens illustres ayant donné leur nom à un collège
- Pierre Garcie Ferrande, Saint-Gilles-Croix-de-Vie
- Jacqueline Auriol, Challans
- François Viète, Fontenay-le-Comte
- René Couzinet, Chantonnay

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